la Perle

Héros

mardi 18 janvier 2011 à 14h21

Comme une étape dans ma vie, dans nos vie à tous, La Révolution du Jasmin devait avoir lieu. On le savait depuis notre naissance. On savait que ça ne durerait pas et qu’un jour il aurait fallu faire quelque chose… Avec l’âge on comprenait un peu plus que la date fatidique approchait. On se le murmurait entre nous sans se rendre compte que le murmure se propageait dans tout le pays pour se transformer en allumette.
Je croyais habiter un paisible petit pays où tout allait bien, je tentais de fermer les yeux sur ce que disait les médias sur mon gouvernement et je marchais droit comme tout le monde et parfois, sur ma route, je croisais des vieux qui voulaient me vendre des bouquet de jasmins. A trois dinars, ça faisait trop, alors comme tout le monde je négociais pour avoir un deuxième gratuit sans savoir que c’était ce même geste qui menait mon pays au fond d’un tunnel de plus en plus noir.
D’habitude ce genre de trucs n’arrivent que dans les livres d’histoire. C’est comme un enfant qui apprend qu’il y a des guerres, des bourreaux et des victimes mais qui ne saisit pas très bien pourquoi les victimes peuvent être les bourreaux.
D’habitude ce genre de truc n’arrive que dans les livres et pourtant c’est arrivé au coin de ma rue.
Les habitants du quartier ont sorti leurs plus grands "petits" moyen pour arrêter des criminels. Ces criminels qui nous entouraient depuis tant d’année. Certains de ces criminels nous arrêtaient dans la rue pour savoir qui on était et où on allait. C’était ceux là même qui nous demandait nos cartes d’identité, les scrutant comme si ils avaient le sacré graal sous les yeux. Avec leurs petits yeux pervers et leur képi sur la tête en fait, ils assuraient notre sécurité.
Hier, dans mon quartier, on a demandé aux gens de se défendre seuls. Les habitants ont mis des branches d’arbre pour barrer les routes et ont saisi des pelles et des râteaux. Le mot d’ordre est passé : arrêter ces nouveaux soldats de Kahena par n’importe quels moyens. Défendre les enfants de Didon et franchir les montagnes de l’inconnu. L’inconnu qui se dresse devant nous mais que nous n’aurons plus peur d’affronter.
Afrikia brûle à nouveau et tout commence sur ce petit morceau de terre où ll’Histoire reprend ses droits et, les pays voisins sont largués. l’Occident préfère voir un ennemi là où il n’y en a pas, tandis que l’Orient veut créer l’ennemi qu’il n’y aura pas. Et personne ne voit de toute évidence ces héros. Mes voisins, ma famille, mes amis. Ils n’ont pas de supers pouvoirs. Pire, ils sont ordinaires. Ils prenaient leur voiture tous les jours pour aller travailler et faire vivre leurs familles du mieux qu’ils le pouvaient. Ils allaient comme tout le monde, les dimanches faire un tour au souk. Les enfants comme tous les enfants rêvaient de sorties au manège du coin et, la jeunesse sortait comme tous les jeunes du monde le samedi soir, et comme tout les jeunes du monde le dimanche matin se retrouvait avec une gueule de bois épatante. Comme tout le monde ils avaient leurs petits tracas quotidien et leur petit bonheur. Mais pas comme tout le monde, aujourd’hui, ils peuvent marcher la tête haute et digne. Héros moderne d’un temps révolu.


Oui, c’est bien arrivé au coin de ma rue et ce sera écrit dans les livres d’histoire pour les siècles et les siècles à venir.


"hé tu sais, quelque chose ne tourne plus rond dans ce pays!", "oui mais les barbus risquent de prendre le pouvoir si tonton est évincé", "vous inquiétez pas, il y aura quelqu’un après lui", "on dit qu’il prépare quelqu’un oui", "de sa famille?","ouai tu sais ce que ça s’appelle ça..", "chut chut arrêtez de parler de tonton on est surveillé".