Dur. Dur les derniers mois qui viennent de s’écouler et qui ont pris ma joie de vivre.
Je suis allée chez le médecin parce que après avoir fait l’amour avec mon ex, ou plutôt après avoir baiser comme une salope avec lui, j’ai eu des crampes. Partout dans le bas du ventre. Ca a duré et ça ne partait pas.
Mon médecin m’a demandé de manger, elle m’a demandé si je voulais mourir. Et puis elle m’a envoyé faire des analyse de sang. Elle m’a rappelée et m’a demandé d’en faire d’autres il y a quelques jours, sans me donner + d’explication. J’avoue que j’ai carrément la trouille, parce que si j’ai quelque chose qui pourrit dans mon corps, je ne trouverai pas la force de me battre.
Je voudrais en parler à mes parents mais, mes parents m’ont demandé, m’ont supplié d’avoir mon année. Comme si avoir mon année allait effacer les cicatrices encore bien profondes de la Révolution. Ma mère déprime encore plus qu’avant, alors je joue au psy. Elle dit qu’il n y a pas d’avenir en Tunisie. Elle dit que la guerre est à deux pas de chez nous et que tout le monde va y laisser sa peau. Ma mère ne va pas bien et mon petit coeur se meurt.
J’ai besoin de mes amis. J’ai besoin d’eux, mais je ne peux pas leur dire. J’ai pas envie qu’ils aient pitié de moi. Et puis je me sens encore + ridicule parce que la seule chose à laquelle je pense parfois c’est à A.
Il s’est trouvée une copine que je ne supporte pas. Je l’ai vu dire quelque chose sur mon pote qui ne m’a pas plu du tout mais que j’ai gardé pour moi. Et puis, c’est fou quoi. Je trouve qu’il mérite mieux. Mieux c’est sûrement pas moi. Moi et mes problèmes de coeur à deux balles.
Je fume un paquet de clope tous les deux jours. Je me la joue grande fille indépendante mais j’y arrive pas. J’arrive pas à remonter la pente. Merde.
L’autre jour, je prenais mon bain et alors j’ai voulu m’ouvrir les veines.L’image de mon corps inanimé avec mon sang qui coule dans l’eau m’a réconfortée. J’ai peur de ce que je peux me faire. Je deviens dingue.
Je ne me suis pas encore tuée parce que j’attends que le pere Noel frappe à ma porte. Parce que des jeunes dans mon pays sont morts pour leur pays et moi, la seule chose pour laquelle je veux mourir c’est mon mal être. C’est ridicule, JE SUIS RIDICULE , et je ne m’aime plus. Mais si j’en finis une bonne fois pour toute.. Si j’en finis, je ne me rappellerai même plus avoir existé. Je serai rien. Du néant sans aucun espoir de retour car je n’ai pas de religion. Mais, je ne veux pas savoir que + de larmes couleront sur les joues de ma mère. Pour mes amis, je me dis qu’ils seront tristes au début et puis, avec l’âge, ça leur passera. Ils se rappelleront pas de moi.
J’ai essayé d’en parler l’autre fois à B. C’est le petit nouveau de la bande qui se prend déjà pour un pacha et qui croit pouvoir me dire à moi, ce qui est bon ou pas. Je l’apprécie beaucoup mais je trouvais A. plus marrant. Il me manque terriblement. Je suis contente parce qu’il s’épanouit
mais moi je suis derrière, toute seule.
Je cherche le bonheur partout mais on dirait qu’il me tourne le dos. L’autre jour C. m’a engueulé. Il a dit que c était pour mon bien et qu’il fallait que je me bouge. J’en ai pleuré deux jours entiers. Je ne pensais pas être aussi lâche et aussi faible. Je me sens tellement ridicule. Je ne supporte plus mon image dans la glace le matin et je ne supporte plus mes amis. Je fais semblant d’avoir perdu mon téléphone ou bien je le laisse sonner pendant des heures sans y répondre.