Mars 2011, j’ai retrouvé de vieux écrits :
Elle savait qu’elle avait ses défauts et que parfois, il était dur pour les autres de la suivre. Elle avait ses délires et son petit monde. Mais elle faisait tous les efforts possibles pour que son petit monde tienne droit. Elle faisait tout son possible pour voir le sourire sur les visages de ceux qu’elle aimait. Quand elle était petite sa mère se plaignait souvent "Celle-là préfère ses amis à sa famille" A cette époque là, la famille exigeait qu’elle soit parfaite, les amis l’acceptaient avec son vrai visage. Il n’y avait pas de violences verbales, pas de mots méchants. Il y avait juste de la sincérité dans ce qu’ils entreprenaient. Un jour d’adolescence, elle se perdit dans un monde qui n’était pas le sien. Elle s’y plut pendant un petit moment. Pourtant au fond d’elle, elle avait toujours su que ça ne durerait pas et qu’elle ne les ferait pas rire éternellement. La fofolle du groupe, c’est ce qu’il fallait qu’elle soit. Après tout, il y avait déjà la sexy, la belle, la rigolotte et la maman. Elle ne pouvait prétendre entrer que dans cette case là : la fofolle.
Que se passerait-il quand elle arrêtera faire le pitre ? Quand elle arrêtera d’être la fofolle du groupe ?
Cette question a envahit son esprit pendant des années. Des années au cours desquelles, elle se déguisait. Elle savait que sous son masque, personne ne pouvait prétendre la connaître. Elle se camouflait, redoutant que ce terrible moment n’arrive.
Elle lisait la conversation qui défilait le long de son écran. Essayant de se mettre en posture de Yoga pour calmer les battements de son coeur, elle songeait : "Peut être que quelqu’un il y a très longtemps avait décidé que cela se terminerait ainsi."
Elle fit un copié coller pour ne jamais oublier ce moment où un poignard se tenait enfoncé profondément dans sa poitrine. Elle fit un copié coller pour ne jamais oublier la douleur, la trahison puis la haine. Une chose était sûre : 2011 était définitivement une année merdique. Après avoir pleurer, elle décidait qu’il était grand temps de passer à autre chose. Elle n’avait plus dix huit ans et ces conneries de lycée, elle n’en avait pas besoin.
Mais ses yeux traînaient toujours sur la discussion et tout d’un coup, relisant le tout, elle s’exclama "Merde, qu’est ce qui ne va pas avec mon surnom?"
Elle s’allongea, fixant fortement le mur en face d’elle. Qu’allait-elle faire maintenant ? Tony Soprano, entouré de sa famille, la regardait avec insistance. "Sois proche de tes amis mais encore plus proche de tes ennemis".
-"Finalement, je suis comme toi. Une pauvre nana perdue dans un monde qui n’est pas le sien"
Puis, elle explosa de rire. Elle se rendit compte du ridicule de la situation. Elle parlait à un personnage de série sur un poster.
Elle se releva, chercha son paquet de clopes. Un homme mourrait du cancer sur l’emballage. "Vaux mieux mourir d’un cancer jeune que de savoir que ses amies sont de parfaites conasses" pensa-t-elle l’espace d’un instant. Pas de briquet en vue, elle alla allumer les plaques chauffantes. Et debout, elle attendait que la cigarette s’enflamme. Elle attendait, comme elle l’a toujours fait. Droite et digne, plus rien ne pourrait encore gâcher son bonheur, son avenir. Elle repensa au garçon qu’elle avait rencontré la veille. Il l’avait rajouté dans ses contacts fb et visiblement, son surnom ne le dérangeait pas lui. Et, l’air de rien, elle était bien invitée le lendemain à un barbecue. Mercredi, elle commencera son tournage entre les dunes de Dunkerque. Son premier vrai tournage avec du matériel de pro.
C’était peut être tout simplement une nouvelle vie qui commençait.
Mais, en allant se coucher, elle ne put s’empêcher de songer : "Moi, j aime mon surnom facebook"